Sukhothaï et Chiang-Mai

Ce qui nous a fait choisir l’hôtel dans lequel nous avons dormi cette nuit à Bangkok n’est certainement pas le prix de la chambre qui est élevé au vu de son état de saleté et de décrépitude (en plus de la ligne d’insectes qui grimpent le long du mur au-dessus du lit) ni l’amabilité de l’accueil (froid et indifférent), mais sa situation à proximité de la gare ferroviaire. En effet, nous prenons ce matin un train à 7 heures pour Phitsanulok. On est donc debout à 5h et le simple fait de faire nos sacs nous fait déjà transpirer. Pad Thaï pour Hervé au petit déjeuner, pâtisseries et jus d’orange pour moi à la gare, il est un peu tôt à mon goût pour manger des pâtes.

Des orchidées jusque dans la gare...

Nous avons pris un billet de base, le moins cher, qu’on ne vend pas aux touristes en général. Aussi, nous sommes les seuls « européens » dans ce wagon rempli de locaux. Le train met un long moment à sortir de la ville et semble s’arrêter, en plus des gares de banlieues, à chaque croisement où les passages à niveau nous semblent bien précaires. Mais après nous être faufilés entre des cabanes construites sur une surface très étroite entre le dos des immeubles et les rails du train, enfin nous sommes lancés.

Dans le train...

Nous traversons de très nombreuses rizières (la Thaïlande est le premier exportateur de riz dans le monde). C’est toute une région qui défile sous nos yeux. Des maisons sur pilotis, parfois radieuses, parfois sur le point de se noyer ; Des bouddhas géants, le plus souvent assis, visages sévères ou rieurs, toujours sages ; Des bananiers, des fleurs de lotus, du riz encore… puis une odeur nauséabonde pénètre par les fenêtres grandes ouvertes du train, des dizaines de milliers d’oiseaux, de grands échassiers, posés sur des squelettes d’arbres sans feuille… (des marabouts ?)

En face de nous, un couple. La mamie n’a pas l’air commode, elle ne nous regarde pas, nous jette seulement un regard  rapide de temps en temps et ne répond d’abord pas à nos sourires. Mais petit à petit, elle se déride. On communique comme on peut, par gestes le plus souvent. Avec les vendeurs ambulants (brochettes, riz, œuf, gâteaux, nounours et billets de loterie…) aussi on communique davantage par langages des signes que par mots.

La seule chose qui nous gêne dans ce train est la manie qu’ont les thaïlandais de jeter tous leurs déchets par la fenêtre, transformant ainsi les bordures de voies en décharge géante.

Quand on arrive à Phitsanulok avec une grosse heure de retard, nous prenons un minibus tout pourri pour rejoindre la gare routière puis un nouveau bus en direction de New Sukhothaï où l’on arrive vers 17h. Là, et malgré la chaleur écrasante et le harcèlement des conducteurs de tuk-tuk, on choisit de rejoindre le centre-ville à pied. On pensait en fait que c’était moins loin mais il nous faut bien une demi-heure. On trouve assez facilement une place dans une auberge ; la TR Guesthouse est très bien tenue, les chambres sont jolies, spacieuses, propres et pas chères.

Nous avons choisi de louer pour demain une petite moto, une sorte de scoot en 110 cm3, on s’arrange donc avec le propriétaire de la guesthouse. Puis nous partons manger au marché de nuit de la ville. En chemin, on croise des éléphants promenés en laisse…

Samedi 18 février. Aujourd’hui on suit à la lettre les conseils de notre guide du routard, à 5h30 nous sommes debout et à 6h nous prenons notre petit-déjeuner dans un estanco de la vieille ville à une douzaine de kilomètres de New Sukhothaï. Old Sukhotai, site archéologique inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, est constituée de vestiges de la première capitale du Siam, un ensemble de temples disséminés dans une large vallée.

Nous pénétrons donc dans le site proprement dit à 7h et commençons par l’édifice le plus important du parc historique, le Wat Mahathat. Situé à l’intérieur de douves de près d’un kilomètre, il était réservé à la famille royale.

À cette heure-ci, nous sommes quasi seuls au milieu des ruines. Les rayons du soleil qui se lève nimbent les pierres d’une lueur rosée et le bassin aux lotus situé devant cet ensemble de ruines ajoute à l’aspect onirique de cet endroit. On comprend pleinement le nom choisi pour cette ville de Sukhothaï qui signifierait « aube » ou « naissance du bonheur » (et proviendrait d’un mot sanskrit ou pali, langue du bouddhisme theravâda).

Nous visitons ensuite le Wat Sri Sawaï, fondé à l’époque de la domination khmère. C’est un ancien site brahmanique transformé en temple bouddhique. Fabuleux.

Puis nous passons, en scooter, d’un Wat à l’autre à l’intérieur de l’enceinte.

On se sent porté par la force spirituelle dégagée par ces anciens monuments dont certains datent du XIIIème siècle mais surtout privilégié d’assister en toute quiétude à un si beau spectacle. Hervé admire chaque pierre et on s’amuse tous deux de la grâce et de l’élégance de certains bouddhas.

Puis le soleil monte dans le ciel, les bâtiments sont écrasés de lumière et le site se remplit de visiteurs ; en l’espace de quelques minutes nous redevenons touristes parmi les touristes.

Quand la chaleur devient trop forte et après avoir fait un tour hors de l’enceinte, notamment dans la partie nord du site archéologique, nous regagnons New Sukhothaï.

La circulation a augmenté et je serre un peu les fesses à l’arrière du 2 roues. On passe brièvement par la gare pour réserver nos billets de bus afin de gagner Chiang Maï cet après-midi. Nous rendons ensuite le scoot, allons manger un morceau puis récupérons nos affaires à l’auberge. Un Tuk-tuk nous emmène à la gare où on prend un bus à 13h.

Nous arrivons à 18h30 à Chiang-Mai où il fait déjà nuit. À peine avons-nous récupéré nos bagages que deux jeunes français, deux frères, nous tombent dessus. Nicolas et Vincent cherchent d’autres touristes pour partager un Songthaew (taxi collectif, sorte de pick-up réaménagé, dont l’itinéraire peut être ajusté, comme dans un taxi ou fixe comme dans un bus). La négociation est ferme mais efficace, la course nous coûte 100 baths à 4 au lieu des 40 baths par personne initialement prévus ; mais cela reste un prix « touristes ».

La guesthouse qu’on avait choisie est pleine, on doit donc chercher un peu mais il y en a pléthore. Aussi on  s’installe dans une guesthouse nommée Diva dont la décoration, récemment refaite est très colorée et agréable, et dont la dynamique mais ferme gérante fait remarquablement bien son travail. Nous mangeons tous les 4 au marché.

D’abord, un gros petit déjeuner pour commencer ce dimanche matin. Puis nous partons nous promener dans le centre de Chiang-Mai, fermé par des douves qui forment un carré tout autour. On en profite pour faire le tour des boutiques de livres, où l’on peut vendre et acheter des occasions.  Un passage au petit marché qui jouxte la douve Est nous permet de faire quelques achats et de nous essayer avec un succès mitigé au marchandage.

L’après-midi est tranquille, installée dans un petit canapé du rez-de-chaussée de chez Diva ouvert sur la rue, j’essaie d’écrire mais j’ai du mal à ne pas me perdre dans l’observation de l’agitation qui règne dans cette rue fréquentée. Puis en fin d’après-midi nous allons au marché du dimanche, un immense marché qui occupe plusieurs rues proches de celle où on loge et où l’on trouve toutes sortes de choses (artisanat, vêtements, nourriture…). Les rues sont noires de monde et la circulation est difficile mais l’ambiance est sympathique et on apprécie de traîner d’un stand à l’autre.

Lundi 20 février. En nous promenant, nous tombons sur un temple dont une partie n’a pas été rénovée. On ne sait pas exactement duquel il s’agit, peut-être Wat Chedî Luang. La zone centrale, en partie effondrée, abrite toujours de grands bouddhas assis. De grands éléphants et d’immenses serpents surveillent les montées d’escaliers. Tout autour d’autres petits temples plus récents et des stupas.  De jeunes bonzes se promènent. Des proverbes thaïs sont traduits en anglais sur des panneaux de bois accrochés à des troncs d’arbres. Il règne ici une atmosphère calme et apaisante, comme souvent dans les temples.

Nous nous rendons ensuite à la « boutique » de Tony pour réserver un « scooter » 125cm3 pour demain. Nous partirons en effet plusieurs jours avec un sac à dos réduit, à 2 sur la petite moto. Ça promet quelques moments difficiles pour nos arrière-trains. En attendant et pour bien nous préparer nous nous décidons à essayer la spécialité du pays, le massage. À l’huile pour moi (des pieds à la tête) et seulement les pieds pour Hervé, c’est une heure de pur bonheur.

Ce soir nous allons faire un tour au night bazar, à l’Est en dehors des douves, mais c’est là bien un bazar plus qu’un marché et cela nous plait bien moins. Nous mangeons dans le quartier et croisons en rentrant quelques papillons de nuit, des travestis aux costumes dignes d’un carnaval à Rio…

4 réflexions au sujet de « Sukhothaï et Chiang-Mai »

  1. Wouah!! En scooter dans les rues!! Décidément, vous n’avez peur de rien!!! Lol!!
    En tout cas, old Sukhotai me rappelle vraiment, malgré une architecture bien différente, au site d’Angkhor! Vos photos sont magnifiques et pourraient bien faire la couverture des brochures de certains tours operators…. Ca fait envie!!!! La couleur rose du soleil se reflétant sur les pierres, et les reflets des temples qui se mêlent au lotus sur une eau plus calme que Calme, ça me rappelle quelques photos qui ornent les murs de notre couloir fraîchement repeint!!!
    Biz à vous deux les amours et à très très vite pour un autre billet « Thailando-Laotien »!!

  2. Coucou tous les deux,
    nous vous remercions pour cette gentille carte reçue aujourd’hui et qui trône sur l’étagère de Jules après avoir situé la Nouvelle-Zélande sur un planisphère !
    Vous voilà sur un nouveau continent qui je l’espère vous enchantera tout autant que les derniers lieux visités.
    Anna, tes spendides photos me servent de fond d’écran au fil de votre voyage et l’on pense donc régulièrement à vous (on vous envie aussi beaucoup ! ).
    Gros bisous les baroudeurs !
    Amandine

  3. plus que beau : MAGNIFIQUE! je me régale! j’espère que vos superbes photos seront publiées dans un prochain livre, à votre retour? Je remercie Gwen de vous avoir rencontrés en Patagonie (la Mission) et j’ai plaisir à vous rejoindre dans votre périple (dont la Thaïlande) . Je vous souhaite beaucoup de bonheur, encore une fois, j’admire et je profite de tout : paysages, textes, encore bravo!

  4. Toujours intéressée par les étapes de votre voyage dans un monde bien différent du nôtre
    reporters sans frontières vous l’êtes incontestablement
    A DE PROCHAINES DECOUVERTES ET MERCI SIMPLEMENT

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