Ou le Machu Picchu ça se mérite !!
Mardi de la semaine dernière (le 20, si ma mémoire est bonne) nous sommes partis par le bus de 10h depuis Cuzco pour Abancay. En fait, nous sommes descendus, un peu vaseux à cause des 4h de route sinueuse, un peu avant Abancay, à Saywite d’où part la piste qui mène au petit village de Cachora. Pour descendre jusque-là, plusieurs taxis nous attendent aussi nous négocions âprement (car le prix nous paraît élevé), avec raison car nous nous retrouvons finalement à 7 dans la voiture, propulsés les uns contre les autres du fait de l’état de la piste.
Après un repas local classique (soupe et riz/viande en sauce), nous trouvons un petit hôtel sympathique, fait de bric et de broc. Partout pendent des peaux d’animaux, des breloques, des photos, et des décorations de tous genres. Les chambres sont simples et sobres, 2 lits une place et une chaise, mais on s’y sent bien… même si l’on voit passer rapidement une souris assez grosse, que l’on a probablement délogée.
Là où ça se corse c’est au moment de trouver un arriéro (muletier) chargé de conduire la mule (le plus souvent) ou le cheval qui portera nos sacs à dos. Nous comparons, négocions et finissons par opter pour Aristides, son cheval et ses slaps (sandales en pneu que portent beaucoup de péruviens). Il a été surnommé à ce titre Slapman par Hervé (B-B-B-Be Bop a Bodda Bop Bop a Bodda Bop… comprenne qui pourra…). Comme on a déjà fait nos courses alimentaires pour la rando à Cuzco, on convient avec lui qu’il se débrouillera de son côté pour se faire à manger, avec notre réchaud si il veut… (Vous vous demandez pourquoi je vous raconte ça ?)
Après une classique balade de reconnaissance des premiers kilomètres par Hervé, nous prenons un repas léger dans la chambre (tomates, salades de thon, bananes et maïs soufflés sucrés) et nous couchons tôt pour le départ du lendemain.
Pour ce trek de Choquequirao ou Choquequiraw, je vais vous passer le détail de toutes les montées et descentes du parcours (connaissent pas le plat dans cette région !). Mais en résumé : Superbe trek dans la Cordillère Vilcabamba, dans la région du Cañon de l’Apurimac. Cette région au cœur d’un réseau complexe de routes Incas, fut occupée par l’Inca Manco et « l’empire en exil » après l’invasion espagnole. Si Machu Picchu fut la capitale religieuse de l’Empire Inca, Choquequirao est cette autre « Cité perdue », dernière capitale administrative destinée à préserver les secrets de la civilisation Inca en matière de religion, astronomie, agriculture, et traditions…
Donc :
- 5 jours
- 80 km
- 5200m de dénivelée positive et autant de négative
- 2 québécois croisés au site de Choquequirao, puis 0 touriste les 3 jours suivants.
- Une douche froide ou un vague rinçage à la source un jour sur 2
- 10 paquets de Noodles et 5 paquets de gâteaux ingurgités
On a aimé :
- L’odeur des eucalyptus sur le chemin le premier jour
- La profusion d’agaves bleues superbes de part et d’autre du chemin qui descend à Chiquisca
- La brume accrochée aux montagnes enneigées
- Arriver à Santa Rosa au bout de 1h30 de montée alors qu’on pensait qu’il en restait encore une bonne demi-heure, et ce en plein cagnard.
- Que, le lendemain, la pluie s’arrête juste à notre arrivée au site de Choque
- Le calme et la beauté de ce site que l’absence de route protège de la foule
- La vue magnifique depuis la crête au-dessus du site
- La soupe de pâtes autour du feu pour éloigner les moustiques aux ruines de Pincha Unuyoc, annexe de Choquequirao peu connue.
- Boire du café ou du maté de coca brûlants, assis sur une pierre ou sur nos talons en regardant le jour se lever
- Les orchidées violettes le long du Rio Blanco
- Trouver la montée du 3ème jour qu’on nous avait annoncée terrible pas si difficile que ça
- Et comme on est parti très tôt pour cette étape, passer l’après-midi à buller en admirant le paysage qui apparait et disparait au grès des nuages de brume
- Manger chez l’habitant à Maizal, dans une petite cahute sombre, où la cuisine est faite au sol et au feu de bois, sentir les cochons d’inde passer entre nos pieds tandis que l’on se tient assis sur un banc recouvert de peau de mouton, autour de la table familiale et regarder tout ce petit monde manger sa soupe entre les chiens, les chats, les poussins, les cochons… et j’en passe…
- Observer le regard inquiet de la maîtresse de maison au moment où elle nous tend une assiette d’un met qu’on ne connait pas et son sourire franc au moment où elle ramasse nos assiettes vides sous nos remerciements et compliments (c’est une cuisine certes un peu grasse mais après une journée de sport…)
- Passer le col de San Juan à 4200m, avec un panorama fabuleux mais quelque peu gâché par la brume qui nous cache les glaciers
- Voir des condors en redescendant du col, dont un royal qui est passé à moins de 20m de nous
- Passer un dernier col le 5èmejour à 4700m (là, le souffle est un peu plus court), toucher la neige puis enchainer sur une descente de plus de 1500m de dénivelée
- Assister à la finale du tournoi de foot inter-villages au dernier village où nous arrivons (Collpapampa) après 8h de marche…
- Passer d’un paysage à un autre tout à fait différent en changeant de face de montagne ou en changeant d’altitude… rencontrer des microclimats différents dans une seule et même journée…
- Se sentir seuls au monde, dans un de ses plus beaux endroits
On n’a pas aimé :
- La pluie toute la première nuit sous la tente et tout le matin qui a suivi, pas facile de lever le camp dans ces conditions.
- La baisse de moral qui va avec la pluie…
- Les mini-moustiques très nombreux qui malgré l’anti-moustique nous ont dévorés et laissé en souvenir de nombreuses cicatrices sur les bras et les jambes suite aux grattages intempestifs.
- Qu’Aristide, notre arriéro se serve dans nos réserves de nourriture quand ce n’était pas prévu et sans même nous le demander…
- se sentir égoïstes à ce moment-là…
- Se trouver confrontés à une montée raide et boueuse dans une forêt très belle mais très dense le 4ème jour alors qu’on attendait du plat à cet endroit-là…
- Trouver le 5ème jour qui devait être facile, bien raide (de l’importance de la préparation psychologique avant un effort physique !!)
- Et pour ma part, le bronzage agricole, traces de tee-shirt, short et chaussettes et traces des dragonnes des bâtons sur les mains (pas classe !)
On a eu peur :
- En rentrant de Collpapampa à Santa Térésa en colectivo surchargé (au moins 28 dans un 16 places, plus des gens sur le toit de temps en temps), en suivant dans le noir et sous la pluie une piste qui longe un précipice et qui ne semble soutenue que par du sable et une terre friable…
Pour tout ça, ce trek fut extraordinaire…
Les campements :
Dimanche soir, nous sommes donc arrivés à Santa Térésa fatigués, sales et affamés… Après une bonne soupe et un Lomo Saltado (Morceaux de bœufs, cuits avec des oignons et des tomates et accompagnés de riz et de frites, très bon… On en a même mangé parfois au petit déjeuner, comme le font les péruviens), on s’est écroulé dans les lits douteux de l’Auberge Municipale (non sans avoir profité de l’eau chaude de la douche, elle aussi douteuse d’ailleurs).
Le lundi a servi à nous requinquer, laver notre linge et nous préparer pour la suite. Hervé a quand même dû faire un aller et retour à Aguas Calientes (en colectivo jusqu’à Hydroelectrica puis en courant jusqu’à Aguas Calientes) pour aller retirer des sous au seul distributeur qui parait-il ne fonctionne pas toujours, dixit le routard. En fait il y a maintenant 2 points de retrait d’argent liquide à Aguas Calientes et cet aller-retour était surement inutile. De plus, j’ai trouvé le temps bien long en ne sachant pas de mon côté que c’était aussi loin. J’imaginais déjà le colectivo au fond d’un ravin…
Le mardi matin nous avons fait un saut à pied aux sources d’eaux chaudes de Santa Térésa, à 1/2h de marche environ. Ce bain très chaud dans une eau claire contrairement à celles de Monterrey et une « piscine » en pierre, était très relaxant. Malheureusement la zone a été très abîmée par un glissement de terrain et de gros travaux sont en cours, réduisant du coup l’esthétique des lieux.
L’après-midi nous avons repris le chemin qu’Hervé avait fait la veille pour nous rendre à Aguas Calientes (ville point de départ pour se rendre au Machu Picchu). Le trajet le long de la voie ferrée n’est pas désagréable, un peu plus de 2h en très légère montée dans une forêt luxuriante, au milieu des bananiers, avocatiers, caféiers et de multiples fleurs aux couleurs vives… Cependant avec les gros sacs sur le dos et la chaleur étouffante et humide ce n’était pas si facile.
Bien contents donc d’arriver au camping municipal d’Aguas Calientes, 1/4h environ avant la ville, où il semble qu’on puisse laisser nos affaires pendant notre excursion de demain au Machu Picchu sans trop de risques puisqu’il y a des vigiles. En reprenant le chemin pour la petite ville d’Aguas (afin d’acheter de quoi se faire des sandwiches pour le lendemain) nous tombons sur Benoit que nous avions rencontré à Huaraz, accompagné d’un autre routard, Nico. Nous passerons une très bonne soirée avec eux et Aline (la copine de Nico), à boire des bières en racontant des bêtises et en ricanant. Sauf que notre lever est prévu à 4hoo pour monter à pied au Machu Picchu. Donc, nous rentrons à 22h, éméchés et dans le noir puisqu’on n’a pas pris nos lampes frontales, jusqu’au camping. On aurait bien fait trainer cette soirée là un peu plus…
Le réveil du mercredi est difficile, l’ascension à la lampe frontale des 1716 marches pour arriver à l’entrée du site aussi. A notre arrivée, il pleut et le site est dans la brume… On ne voit pas grand-chose. Nous montons à 7h au Wayna Picchu, la montagne que l’on voit derrière les ruines sur la plupart des photos. Cette montée d’une heure environ rajoute un certain nombre de marches… Et en arrivant en haut, on voit : de la brume ! Encore ! Nous passerons 2h en haut sous le crachin à attendre que la vue se dégage, en discutant avec 2 françaises très sympathiques mais aussi déçues que nous. On aperçoit de temps en temps les ruines mais les nuages de brume les recouvrent assez rapidement. Dommage.
Nous décidons donc de redescendre jusqu’au Temple de la Lune, appelé aussi Grande Caverne. On ne pourra que le regretter. On ne s’est pas méfié mais il faut descendre 1h30 et remonter pendant 50 minutes, toujours par des marches irrégulières et nos jambes commencent à sérieusement accuser le coup de ces 10 derniers jours. Ce temple n’est pas inintéressant mais ne vaut pas un tel détour à notre goût.
La bonne nouvelle est qu’à notre retour sur le site principal (suant et soufflant), la brume s’est bien dispersée… On aperçoit enfin l’étendue du site et c’est aussi beau que ce qu’on nous en avait dit, et mieux que ce qu’on avait espéré. De plus, si le site est bien chargé à cette heure, vers 15h il commence à bien se vider puisque la plupart des agences s’en vont. C’est ce moment que choisit le soleil pour apparaitre… C’est réellement magnifique, et même si nos jambes commencent à être très lourdes, on erre, admiratif, en se disant encore une fois que les Incas étaient vraiment de grands barjots. Des acharnés de travail et de précision en tout cas…
Nous sommes redescendus par le même chemin que pour monter, déserté lui aussi. Et avons quand même trouvé le courage d’aller manger à Aguas Callientes, avant de s’effondrer dans notre tente.
Le lendemain nous choisissons enfin la facilité et prenons le train touristique (malgré son coût dissuasif) jusqu’à Ollantaytambo puis un taxi collectif pour Cuzco que nous quitterons le soir même en bus de nuit. Direction Copacabana, sur les bords du lac Titicaca, côté bolivien….
C’est d’ailleurs assez rigolo, car quand on est allé acheter nos billets pour le bus de nuit au terminal terrestre, on s’est fait embaucher par une compagnie offrant un nouveau service de bus confortable avec fauteuils qui s’allongent… ils nous ont pris en photos (surtout Hervé), devant et surtout dans le bus, assis, couchés, avec un verre de Coca, souriant à la belle hôtesse… tout ça pour les calendrier publicitaire… c’était trop drôle !
Avant de quitter Cuzco, nous devons quand même goutter sa spécialité culinaire, le Cuy (du cochon d’inde) ! C’est très gras, peu appétissant visuellement, cher et pas dégueulasse mais franchement pas bon (et pourtant suis pas difficile !)… Je n’en remangerai pas je crois…
Cette expérience clôt nos aventures péruviennes, alors à bientôt, en Bolivie.
PS : Bon anniversaire Maman… Gros bisous.
Juste magnifiques vos photos! J’espère que vous vous portez bien tous les 2. Continuez à nous faire rêver
Biz
Halala,vous nous faites vraiment réver!(à part manger du cochon d’inde,ça c’est pas super appetissant!)C’est vraiment chouette de nous faire partager tout ça.
Ici il fait un temps superbe et le mois d’Octobre à aussi commencé sous un grand soleil,par contre y’a pas de champignons…..Tout va bien pour nous et on a aussi mangé les courgettes de votre jardin(merci les amis)…
Gros bisous à vous2.
Mes plus beaux cadeaux d’anniversaire : des vœux du bout du monde par téléphone et cette nouvelle page d’aventures. Après 10 jours on commençait à ressentir le manque, cela valait le coup d’attendre : Les photos, même avec de la brume sont magnifiques et Hervé a l’air vraiment dans son élément.
On te retrouve tellement : volontaire, curieuse, ouverte aux autres et sensible. Reste toi même pour continuer à nous faire voir et connaître de cette façon là.
On vous embrasse fort
merci pour ce super récit qui nous rajeunit de plus de 30 ans
bon courage pour la Bolivie ou j’ai perdu 7 kg en 3 semaines l’hiver dernier
bonne route
jean-marie
Emerveillement…….. Quel bonheur ce voyage !!!! Vous avez l’air si bien, et vous rayonnez d’amour! Nana, je vois que ton hervé te protège bien et prends bien soin de toi !!! Vos photos sont grandioses, on a l’impression que le monde vous appartient !!! Vous allez devenir des vrais guerriers !!! Les photos de vos campements m’ont impressionnées!!!
Continuez à nous faire réver et vivre la magie !!
Bonne route en Bolivie …. 1/9 du voyage d’écoulé ou 8/9 à composer, tout dépend si on regarde le vase à moitié vide ou le vase à moitié plein….
Profitez encore et toujours!
Ps : Nana, tes cheveux ont poussé grave!!
Ps 2 : Les Têtes raides : MYTHIQUE !!! Tu étais avec nous…
Mille bisous tout doux les zamoureux!
Ps 3 : Ici tout le monde va bien !! On a fêté mes 30 ans comme il se doit et 31 pour mon homme hier!!! On rajeunit pas !
Comme promis au sommet du Wayna Picchu au milieu de la brume, je commence à suivre vos aventures, histoire de prolonger les vacances après le retour à Paris…et peut-être de trouver la prochaine destination de vacances grâce à vos « reportages ».
Bonne route X2
Mince, Anna, tu as perdu tes cheveux dans une ascension?
Très jolie formation géologique sur la photo de la vallée après le tournoi de foot. Une sorte de deuxième vallée glacière installée dans la première, passionnant!
Sinon, ça ne manque pas un peu de béton et de gasoil ces contrées?
Bisous à tous les deux!