«Tout vient à point à qui sait attendre»
Après avoir déboursé 70 dollars US et 1200 roupies indiennes pour nous acquitter des formalités d’entrée au Népal, nous nous dirigeons, à pied, vers la gare de Kakarbhitta. Sur le chemin, des rabatteurs essaient de nous attirer subrepticement vers les agences ; nous les ignorons gentiment.
À la gare routière, qui est en fait une grande place poussiéreuse et ensablée où de nombreux bus klaxonnent à tue-tête, il ne faut pas moins de 5 personnes pour nous vendre deux billets pour Katmandou par le bus de 16h. Il n’est alors que midi et on se rabat donc sur un semblant de terrasse de bar ombragée pour se poser, bouquiner et boire du Coca en attendant l’heure du départ.
Quand on rejoint le bus un peu avant 16h, il n’y a apparemment pas les places prévues pour nous. Comme quoi même en s’y mettant à 5 on peut se tromper… Bref, on nous propose de ne partir qu’à 17h avec de « meilleures places » puis on nous trouve finalement deux places à l’avant dernière rangée du bus de 16h. C’est là qu’on fait la grossière erreur d’accepter : l’avant dernière rangée, c’est celle qui se trouve juste au-dessus de l’essieu arrière… Ce trajet de 16h pour aller jusqu’à Katmandou est le plus infernal de tout notre voyage!!! La route est défoncée, le chauffeur saoul ou suicidaire (ou les 2!!)… Bilan : très peu de sommeil, beaucoup de courbatures, un tassement vertébral et de belles frayeurs.
Vendredi 27 avril.
Nous arrivons enfin vers 9h à Katmandou, ou plutôt dans sa périphérie, véritable piège pour les touristes, et il nous faut négocier encore pour trouver un taxi à un prix correct afin de rejoindre le quartier où l’on pense prendre une chambre. On se fait déposer devant la Katmandou guesthouse. C’est un endroit très touristique aux prix relativement élevés pour cette ville mais on y prend un petit-déjeuner pantagruélique et délicieux. Malgré le niveau sonore élevé à cause du groupe d’ados anglais ou américains, apparemment en voyage scolaire (voyage scolaire à Katmandou, ça c’est du rock !) qui déjeunent à côté de nous, on se délecte de la douceur et du confort des fauteuils qui apaisent nos fesses meurtries pas le long trajet de la nuit. Nous prenons ensuite nos quartiers dans la sympathique Katmandou Garden House (Nord de Thamel, Paknajol) Pour ceux que ça intéresse : http://www.hotel-in-nepal.com/index-fr.ht
Nous passons une bonne partie de la journée à nous promener dans le quartier et ses alentours. La profusion de boutiques d’artisanat nous laisse pantois et on voit très vite qu’ici aussi tout doit être marchandé…
La journée du samedi 28 avril se passe aussi sous le signe du repos. Nous nous levons un peu tard, prenons notre petit-déj à la guesthouse puis partons explorer Durbar Square. C’est l’endroit où les rois de la cité étaient couronnés et d’où ils gouvernaient (Durbar signifie palais). Cette place est demeurée le cœur de la vieille ville et le patrimoine architectural le plus spectaculaire de la capitale.
Malgré le tremblement de terre de 1934 qui avait détruit de nombreux édifices, d’ailleurs pas tous rebâtis sous leur forme originelle, l’ensemble est classé patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979.
La fin de la journée et l’arrivée de la pluie nous rappellent que la saison de la mousson s’approche doucement. Nico, fidèle à lui-même, nous avait prévenus qu’il arrivait aujourd’hui et c’est pourquoi nous nous sommes hâtés de rejoindre Katmandou afin de l’accueillir. C’était sans compter le nombre d’heures de vol, le décalage horaire et la légendaire étourderie de notre ami… qui n’arrive en fait que demain !!!
Dimanche 29 avril. Le matin, Hervé part courir pendant que j’écris. Son but est d’aller au sommet d’une petite montagne qui domine Katmandou mais ce n’est pas possible car des militaires en faction à l’entrée du parc lui demandent, en plus de payer les 250 roupies de droit d’entrée, de laisser une pièce d’identité qu’il n’a pas avec lui. Il fait donc demi-tour et part en direction de la station de bus afin d’avoir des infos pour notre départ pour Syabrubesi dans le Langtang.
À son retour « à la maison », nous partons flâner un peu dans les rues de Katmandou puis trouvons un bus en direction de l’aéroport. Pendant le trajet nous nous adressons à nos voisins, de jeunes gens, pour s’assurer d’être dans la bonne direction car tout le monde nous a dit qu’il était très difficile de faire ce parcours en bus et qu’on devrait plutôt prendre un taxi… finalement on ne s’est pas trompé. D’une part nous arrivons à bonne destination mais en plus cela nous permet de discuter un long moment avec ces étudiants (l’un veut devenir médecin, l’autre ingénieur) en vacances. Grâce à eux on sait aisément quand descendre du bus…
À l’aéroport, après une attente familière, on est heureux de voir arriver enfin un Nico pâlichon mais souriant. Nous reprenons le bus en direction de la guesthouse. Là on se fait un gros casse-croûte à base de saucisson, pain, fromage et vin rouge (Merci Nico !!!), en harcelant notre ami pour connaitre les nouvelles de tout le monde et les potins.
Le soir on continue de fêter son arrivée en lui faisant découvrir le quartier et en buvant quelques bières.
Par conséquent en ce lundi matin, une petite inertie s’empare de chacun de nous. Et c’est seulement en fin d’après-midi que nous partons chercher nos cartes TIMS (Trekking Information Management System) obligatoires et que nous pensions gratuites mais qui sont payantes depuis 2011, au Tourist Service Centre. Nous passons ensuite à la poste puis partons à la recherche du matériel de randonnée ou de camping nécessaire qui manque à Nico. Les garçons prennent un malin plaisir à essayer les différents modèles de tentes au beau milieu du trottoir ; les négociations sont encore intenses.
Nous mangeons au Yak restaurant, une adresse tibétaine sympathique puis les garçons partent faire le plein de pétrole pour le réchaud dans une station essence, entourés de centaines de motos ou mobylettes qui attendent leur tour.
Mardi 1er mai. Derniers préparatifs, quelques courses encore (sacs zip-lock, barres de céréales…), achats des billets de bus puis on fait nos sacs. C’est difficile car on doit emmener le minimum afin d’être aussi léger que possible pour randonner mais sans rien oublier d’indispensable puisqu’on souhaite être quasiment autonome et qu’on ne trouve bien-sûr pas toujours ce qu’on veut dans la cambrousse népalaise.
Nous partons ensuite nous promener dans la ville et son quartier historique afin de faire découvrir à Nico le charme des temples et palais de Durbar Square.
À la fin des années 60, la capitale du Népal était une véritable Mecque pour les hippies occidentaux qui venaient y chercher l’illumination spirituelle. On pouvait s’y procurer du hasch très librement, la vie y était très bon marché et les Népalais accueillants. Une des rues derrière Durbar Square avait été rebaptisée Freak Street par les locaux car ils y croisaient toutes sortes de personnages « bizarres », voyageurs à cheveux longs et tenues colorées. C’est dans cette rue qui a gardé quelques traces de son passé que nous buvons un coup chez une jeune femme d’origine française aux longues dreadlocks et aux dents bien abimées. Il y a là aussi plusieurs sexagénaires apparemment aussi français, assis par terre sur des coussins et qui boivent de la bière en fumant et en jouant de la guitare…. Peut-être les mêmes qui étaient déjà là il y a 40 ans.
De retour à la guesthouse, nous passons un certain temps à préparer plusieurs kilos de porridge, mélange énergétique efficace en randonnée. Le problème est que notre recette laisse gustativement à désirer…
Mercredi 2 mai. Nos sacs sont bouclés et nous quittons l’hôtel après avoir laissé une partie de nos affaires. Nous prenons un petit-déjeuner dans un boui-boui d’une rue adjacente (Samossas, chappattis et thé au lait). Ce sont les gamins de la maison qui nous servent. Des jeunes en uniforme scolaire discutent et fument de grandes clopes à côté de nous, l’un d’eux fête ses 19 ans.
Nous prenons ensuite un taxi pour la station de bus. En fait de station, ce sont là quatre bus pourris qui attendent au bord de la route. Hervé charge nos sacs sur le toit du bus dans lequel des gamins d’une dizaine d’années font les pitres et essayent de vendre des bouteilles d’eau ou des épices en se chamaillant.
Après un moment d’attente le bus prend enfin la route. Ça secoue drôlement ! En plus les dossiers de certains sièges ne sont pas fixes et basculent vers l’avant, avec le passager, à chaque coup de frein (et ils sont nombreux !!). La route est sinueuse mais plus on s’éloigne de la capitale et plus les paysages sont beaux.
On redoutait un peu ce trajet mais finalement il se passe plutôt bien. Il y a des gens sur le toit et dans l’allée mais on a vu pire ! On s’arrête à plusieurs reprises, pour manger, pour faire monter ou descendre des passagers mais surtout pour les contrôles de police. Par exemple à l’entrée du parc national du Langtang où on paye 1000 Roupies par personne. Quelques billets passent de main en main dans le bus, les traditionnels bakchichs…
Nous traversons plusieurs villages et dans l’un d’eux doit avoir lieu une fête car les gens sont très bien habillés, avec de très beaux vêtements traditionnels. Des très belles femmes aux magnifiques vêtements colorés montent alors dans le bus, l’une d’elles porte des boucles d’oreilles incroyables. Ce sont des disques plein de près de 10 cm de diamètre, d’aspect cuivré et avec de petits dessins gravés. Superbes !
Arrivés à Syabrubesi, nous choisissons une guesthouse parmi la multitude d’hébergements que l’on peut trouver ici. Nous partons ensuite nous promener un peu. Si l’ancien village présente de belles maisons en pierre et des habitants en tenues traditionnelles, le centre du village est lui défiguré par les nombreux hôtels et autres établissements pour touristes. Comme presque partout, et nous en sommes en partie responsables, le tourisme salit et abîme…
Nous terminons la journée tranquillement autour de la table basse de la guesthouse ; séance lecture/écriture après une bonne douche.
Jeudi 3 mai. Nous prenons un bon petit-déj à l’hôtel et décollons enfin à 8h. Nous sommes déjà en retard… Le départ est lent, il nous faut régler les chaussures, la hauteur des bâtons, les sacs à dos et enfin le pas.
Le chemin est bordé d’une quantité hallucinante de cannabis qui pousse comme du chiendent. Le rythme est enfin trouvé mais au bout d’une heure Nico a des ampoules et on doit s’arrêter pour poser des pansements.
Nous marchons environ 3 heures ce matin, entrecoupées seulement par une pause près d’une source d’eau chaude. Sur notre chemin, des vaches, des coccinelles, des beaux oiseaux (dont une espèce, noir et blanc à queue rouge) et même des singes. Nous mangeons à Bamboo Lodge (1930m) où on s’arrête une petite heure.
Le temps magnifique ce matin se gâte un peu alors nous ne traînons pas trop. Mais l’après-midi nous promet 500 mètres de dénivelé positif un peu raide quand même d’autant qu’ils font suite aux plus de 500m de dénivelé du matin. La vallée que l’on remonte est superbe, le torrent puissant qui coule au fond a une couleur turquoise caractéristique des eaux issues de glaciers et façonne de gigantesques rochers en les polissant.
Nous arrivons enfin aux nombreux lodges de Changtang (2480m) couramment appelés Lama Hotel. Après une petite prospection, on s’installe dans un lodge sympathique où la nuit est gratuite mais en contrepartie les repas un peu plus onéreux que d’habitude. La pluie nous surprend en pleine séance d’étirements dans la petite cour. La douche se trouve à l’extérieur derrière une porte en bois, il y fait noir et un froid de canard et il n’y a qu’un filet d’eau parfois brûlante parfois glaciale. Le sol en terre vaguement bétonnée y est gelé. Mais la douche est quand même agréable après une bonne journée de randonnée. On se met au chaud dans la pièce commune qui sert de « restaurant » pour boire un grand thermos de thé brûlant autour d’un poêle à bois fort apprécié ! On se croirait dans un chalet de montagne.
Le soir nous jouons aux cartes, à la dame de pique, avec une fille finlandaise pendant que ses deux copines se font des massages. Elle nous prévient que la journée du lendemain sera difficile, toute en montée. Nous nous couchons de bonne heure. Nous ne dormons pas très bien. La toux persistant après mon rhume de ces dernières semaines s’accentue.
Vendredi 4 mai. Levés à 6 heures nous déjeunons dans la salle commune. Nous commençons à marcher à 7h15. On prend tout de suite un rythme lent et régulier qui nous convient bien. Nico est devant, je suis en deuxième position et Hervé ferme la marche, 50 m me séparant de l’un et de l’autre.
La vallée est incroyablement belle. Au bout, de hautes et fabuleuses montagnes nous appellent. Grâce à notre rythme tranquille la montée ne nous fait pas trop souffrir. En montagne rien ne sert de courir, nous nous faisons parfois doubler par d’autres touristes que nous rattrapons plus tard quand ils reprennent leur souffle au bord du chemin sous les rhododendrons en fleur.
À midi les « restos » pour s’arrêter ne manquent pas mais nous choisissons un endroit où il n’y a personne, une petite maison en pierres tenue par une dame et son petit garçon.
Elle nous explique dans un anglais approximatif que son mari est mort (alors qu’il allait chercher du bois de l’autre côté de la vallée il se serait empoisonné ?) Le gosse n’est pas sauvage, il commence par piquer les lunettes d’Hervé puis teste mes bâtons et appuie avec ses doigts sales sur tous les boutons de l’appareil photo. Malgré sa crasse et sa morve au nez il est adorable.
La dame nous sert trois grosses assiettes de riz accompagné de pommes de terre, d’épinards et de dal (soupe de lentilles) qui nous réchauffent car le vent est fort et froid. Elle nous ressert puis nous fait goûter son Yack Curd, sorte de yaourt au lait de yack, un peu aigre mais pas mauvais avec du sucre.
Il ne nous reste qu’une heure de marche pour arriver à Langtang. Quelques gouttes tombent quand nous arrivons.
Bilan de la journée : 5 heures de marche, 1200m de dénivelé positif et 200m environ de négatif… On est bien content d’arriver.
À Langtang, on choisit la guesthouse du frère de la dame chez qui on a mangé ce midi et qui nous a beaucoup touchés. Là aussi les chambres et la douche « chaude » sont gratuites mais en contrepartie on mange à la guesthouse où les prix de repas sont en revanche très élevés. L’eau de la douche est chaude effectivement mais un violent courant d’air froid s’encastre dans cette bicoque en bois au fond de la cour, où se trouvent la douche et les toilettes.
Les garçons vont se promener dans le village et achètent du fromage de yack à la « fromagerie » pendant que je profite du retour des rayons du soleil derrière les vitres de la salle commune de la guesthouse. Mais dès que le soleil se couche, nous devons ressortir bonnets et doudounes, il fait vraiment très froid… nous sommes à 3430m.
Les gens sont très beaux ici. Les femmes portent des vêtements très colorés et les enfants ont les yeux qui pétillent. On retrouve ici un peu des faciès qui nous rappellent la Bolivie, pommettes hautes, teint mat et joues colorées.
Les porteurs qu’on a eu l’occasion de croiser sur le chemin sont impressionnants, ils portent parfois 2 ou 3 bagages de touristes, au moins aussi lourds que les nôtres, pendant que ces privilégiés trottinent légèrement derrière ou devant eux. Parfois ils portent aussi de la paille, du bois, des planches…
Hervé est comme un fou devant ces paysages extraordinaires ; ce sont en effet les plus hautes montagnes que l’on ait vues, dans ce voyage et dans nos vies…
Les drapeaux tibétains, les cairns de pierres, les murailles et les jolies maisonnettes en pierre ajoutent encore au charme indiscutable de ces endroits.
Samedi 05 mai. Toux gênante cette nuit pour moi. Comme nous avons une journée de marche assez courte aujourd’hui, il ne nous faudra pas plus de 3h pour aller à Kyanjin Gumpa, nous n’avons pas mis de réveil. On démarre donc la journée tranquillement.
Guylbo, l’homme qui tient la guesthouse (Tashideleke) où nous sommes est le « secrétaire » du village et c’est donc dans la pièce commune où nous prenons notre petit-déjeuner que viennent les gens du village pour une sorte de recensement, apparemment pour les listes de vote. Ils sont là pris en photo et leurs empreintes digitales sont relevées. On discute également avec lui de la possibilité de le prendre comme guide pour passer le col de Ganja La, à 5000m et enneigé. Il ne garantit pas qu’on passera mais promet qu’on essaiera activement. Il nous dit aussi, et nous sommes d’accord avec lui, que l’important c’est la vie et qu’on ne prendra pas de risque inconsidéré. Son discours est sensé et il semble réglo ; on tope et on lui verse même une avance de la moitié de la somme convenue (au total 15000 RS soit 160€).
Nous quittons Langtang vers 9 heures et marchons tranquillement jusqu’au village suivant.
C’est assez plat au début puis ça monte sur la fin (400m de D+). Nous savons déjà dans quelle guesthouse nous allons, chez Passang, le copain de Guylbo, qui nous accompagnera pour le passage du col. Sur le chemin plusieurs femmes nous demandent où l’on va pour nous envoyer vers les guesthouses de leur famille.
Nous prenons notre repas de midi dans la guesthouse de Pasang, à Kyanjin Gumpa (3860m). Là, toujours le même principe, hébergement et commodités sommaires gratuites mais repas un peu chers (c’est le jeu).
L’après-midi, Hervé part marcher (il n’en a jamais assez…) pendant que Nico et moi restons à bouquiner ou faire la sieste. À 15h, on profite quand même d’un rayon de soleil (il neigeait à notre arrivée) pour aller marcher jusqu’à la stupa au-dessus du village.
En fin d’après-midi, on se pose tranquille autour du poêle où brûlent les crottes de yack et quelques rares branches précieuses puisque les gens vont les chercher de plus en plus loin.
Le soir nous discutons un moment avec un Pasang passablement éméché, il a bu du vin de riz, puis allons nous coucher assez tôt.
Dimanche 06 mai. Les nuits sont de plus en plus terribles pour moi. Cette nuit la toux a été quasi incessante et j’ai donc très peu dormi (peut-être deux heures…).
De plus ce matin le froid est si fort que les vitres sont gelées dedans et dehors tout comme l’eau dans les canalisations. Nous sommes levés à 4h40 et prenons le petit-déj à 5h.
À 6h nous commençons à marcher vers le Tserko Ri qui culmine à 4984m. Le départ est presque plat pendant une vingtaine de minutes puis la montée bien raide débute et se poursuit pendant 3 heures.
En fait, 3h c’est pour les garçons… Moi je mets plus de temps car je souffre sur la dernière partie. L’altitude accentue ma toux et les douleurs thoraciques et altère mon souffle. Ceci ajouté à la fatigue ne me permet pas de suivre les gars comme je le voudrais.
On est bien content d’arriver enfin en haut, surtout moi je dois dire…
Le panorama est fabuleux, les drapeaux colorés claquent dans le vent, et même si l’effort est conséquent cela en vaut vraiment la peine. En haut on prépare du porridge ; en fait le mélange est prêt dans un sachet et il ne nous reste qu’à rajouter de la neige fondue et bouillie.
Perso, je n’ai pas très faim et on a tous les trois un peu mal à la tête. Un groupe de marcheurs nous a doublés dans la dernière partie à cause de ma vitesse de limace mais ils ne trainent pas beaucoup en haut et on se retrouve assez rapidement seuls au sommet.
Nous reprenons ensuite la descente qui est bien plus facile même si la première partie, la plus haute, est enneigée puis pierreuse.
En deux heures, nous sommes de retour au village et le mauvais temps arrive avec nous.
Nous trainons ensuite toute la fin de l’après-midi autour du poêle dans la salle commune de la guesthouse. La douche est revigorante car, si l’eau est chaude, la température de la pièce est glaciale.
Après une longue hésitation et des discussions qui l’ont été tout autant, nous décidons, du fait de mes toux et fatigue persistantes et de l’enneigement important du col de ne pas passer par le col de Ganja La. C’est trop risqué, il nous faudrait toutes nos forces pour cela, et encore sans être sûrs de réussir. Nous redescendrons puis on verra si on fait le trek des lacs ou autre chose.
Nous nous couchons avec les poules…
Lundi 07 mai. La nuit a été un peu meilleure mais ma toux persiste encore. Hervé part de bonne heure (6H30) pour descendre à Langtang en courant. Il va prévenir Guylbo de notre décision d’annuler le passage du col de Ganja La. Il en profite pour consulter internet et connaitre les résultats des présidentielles.
Je suis réveillée comme lui à 5h30 mais je reste au lit avec un gros mal de tête qui s’atténue lentement à partir de 8h.
Vers 9h, Nico et moi prenons notre petit-déjeuner en discutant politique. Je teste le Tsompa porridge, spécialité locale : pas terrible… Hervé arrive vers 9h45, tout suant. Il nous annonce la bonne nouvelle, fini le nain !!!
Nous nous installons ensuite dehors pour faire une lessive et réparer le réchaud qui a quelques faiblesses.
Ces petites « corvées » réalisées, nous partons nous promener dans la petite vallée qui descend derrière le village depuis un grand glacier. Nous « pique-niquons » au bord de la rivière pour utiliser les noodles qu’on a emportées puisqu’on aura plus tellement de jours en autonomie du fait de notre changement de plan.
Les garçons partent ensuite marcher vers le glacier, puis au village de Chhalepochh. Moi je profite de notre coin abrité au bord de l’eau encore un moment pour lire un peu et écouter le torrent glacé qui joue des percussions sur la roche polie. Quand l’humidité commence à me faire frissonner, je redescends vers le village où je m’installe au soleil sur le banc devant la guesthouse pour continuer ma lecture. Les garçons rentrent vers 16h30 après une belle balade et me font un compte rendu, photos à l’appui.
Nous trainons ensuite dans la salle commune où nous sommes encore seuls ce soir. Mamita et une de ses voisines viennent s’installer à côté du poêle pour se réchauffer, tricoter et discuter… On dirait que les commérages vont bon train
J’aime le chant de leur langue que je ne comprends pourtant pas.
Pour ma toux, je me suis collée sous antibio et cortico. J’espère que ça ira bientôt mieux.
Mardi 8 mai. Levés entre 7 et 8 heures après une nuit correcte nous prenons un petit déjeuner tranquille à la guesthouse. Nous refaisons nos sacs et décollons avant 9 heures.
Nous descendons jusqu’à Langtang où nous nous arrêtons pour consulter internet, relatif retour à la civilisation, dans la maison de Guylbo où nous buvons aussi un thé en mangeant des barres de céréales. Les garçons ne sont pas bien frais, je crois qu’ils en ont trop fait hier. Nous quittons Langtang à 11h30 pour une heure et demie de descente avant de s’arrêter dans le même petit village où on avait fait une courte pause à l’allée. Posés à côté d’une petite maison en pierre à l’abri du vent, on profite de ce délicieux moment même si les pâtes sont fades et la soupe trop salée… Un café serré et quelques gâteaux secs achèvent ce repas gastronomique.
Nous repartons vers 14h30 et rejoignons Lama Hotel en une nouvelle heure et demie. Je trace devant les gars qui prétendent que je suis dopée aux stéroïdes et arrivent 15 bonnes minutes après moi… À la Jungle View Guesthouse nous prenons une bière et une douche ; on a dû s’habituer au froid en haut car ici, malgré la pluie, on trouve la douche très confortable.
Le bilan de la journée d’aujourd’hui se résume ainsi :
Kyanjin Gumpa (3870m) vers Lama Hotel (2470m), 1400m de dénivelé négatif et 100 de positif pour 4h30 de marche environ…
Ce soir, après réflexion et une nouvelle discussion entre nous, on change à nouveau de plans pour demain… On décide de rentrer à Katmandou et de partir d’ici 2 ou 3 jours vers les Annapurna. On partira donc de bonne heure demain pour essayer d’avoir le bus de 9h à Syabrubesi pour Katmandou.
Mercredi 9 mai. Départ dans le noir, à la frontale, à 4h10. Certaines pierres sont mouillées, ça glisse beaucoup et quelques chutes sont inévitables mais sans gravité. On fait une courte pause thé + gâteaux au chocolat au lait à 6h30 puis on reprend la descente.
On ne se souvenait pas qu’on avait fait autant de montée le premier jour. On arrive à 8h00 à Syabrubesi où on se restaure à la guesthouse de notre première nuit.
Puis le bus arrive à son tour à 9h. Il vient d’un petit bled voisin et est déjà bien rempli. On fait donc le trajet debout dans l’allée. Dans ce bus de 45 places, on réussit à compter environ 60 personnes à l’intérieur et près de 30 sur le toit. La route est de plus très mauvaise, tortueuse et accidentée. Un monsieur me laisse poser une fesse sur son siège pendant que Nico, entouré de jolies népalaises, sourit béatement en les contemplant.
En cours de trajet, au moment où l’on paye nos billets de bus, le type qui nous fait payer veut faire lever 2 femmes pour nous donner leur place. On met un petit temps à comprendre mais on refuse promptement d’autant qu’elles ont toutes deux des bébés ou enfants en bas âge. Il rentre encore quelques personnes et on s’entasse dans l’allée puis, enfin, à Dhunche le bus se vide un peu et on trouve des places assises. Il reste encore 7 heures de trajet jusqu’à Katmandou.
Sur la dernière partie du trajet il pleut et on est obligé de rentrer nos sacs qui étaient sur le toit.
À Katmandou nous négocions pour faire en taxi les 2 km qui nous séparent de la Katmandou Garden Guesthouse où par chance on trouve une chambre libre… Demain c’est grasse mat…